SCEAUX
Les pierres voyageuses
L'artiste réinvente l’art du sceau en y insufflant une liberté radicale : celle de multiples identités, de pierres anonymes transformées en récits. Loin des certitudes occidentales qui figent l’artiste dans un seul nom, une seule signature, il revendique le droit d’être plusieurs, de renaître à travers chaque pierre, chaque promenade, chaque éclat de matière.

Ses sceaux ne naissent pas dans l’atelier, mais sous ses pas. La pierre n’est plus un fragment anonyme, mais un talisman géographique, une carte minuscule de ses pérégrinations.

Mille identités de l’artiste
Un créateur n’est pas prisonnier d’une seule identité: ses sceaux portent des noms différents, des échos de ses métamorphoses. Chaque signature devient un fragment de soi offert à la pierre. Il se joue de l’idée d’authenticité – et c’est précisément dans ce jeu que réside sa liberté.

Dessiner avec la pierre, dessiner dans la pierre
Il ne grave pas : il « dessine avec ses pointes » sur la stéatite, cette pierre tendre que les chinois utilisent depuis des siècles.
Les veines de la roche deviennent des rivières d’encre invisibles, les fissures des frontières entre les mondes. Son burin suit ces accidents, et soudain, sous ses doigts, les formes basculent. Un visage humain se fond en museau de renard, une main se prolonge en aile d’oiseau. Ces créatures hybrides – mi hommes, mi animaux – semblent surgir des profondeurs de la pierre, comme s'il avais simplement libéré ce qui y dormait.
Ses sceaux ne sont plus de simples empreintes : ce sont des fenêtres ouvertes sur un monde où les frontières entre les règnes s’estompent, où le minéral se fait chair, où le nomadisme de l’artiste se reflète dans la fluidité des formes.

Épilogue : l'artiste sans rivage
Il habite ses œuvres, fugacement, avant de passer à autre chose. Ses sceaux, comme lui, refusent l’immobilisme. Ils sont des arrêts sur image dans une course folle entre les identités, les matières et les mythes. Chaque pierre gravée est une île – et l’archipel entier dessine le portrait d’un créateur insaisissable, qui ne cesse de se réinventer.











